La gestion des déchets au Sénégal : L’action de Ciprovis
Par Ciprovis ,
Business, Environnement , Recyclage, Gestion des déchets, Education - Formation
C’est en 2014 qu’Abdoul Mbakhy Mbacke lance sa start-up de tri des déchets sur Dakar. Aujourd’hui, l’entreprise est florissante, et sensibilise de plus en plus de Dakarois aux défis environnementaux. Entretien.
LPJ : Quel est votre parcours?
Abdoul Mbakhy Mbacke : Je suis financier de formation. Je suis diplômé de Polytechnique et j’ai aussi un master en comptabilité. J’ai travaillé en tant que financier dans trois multinationales dont Pfizer, le géant pharmaceutique. En 2014, j’ai créé Ciprovis, une start-up dont le but est de proposer des solutions aux problèmes environnementaux, notamment l’épineux problème de la gestion des déchets, du recyclage et de l’éducation à l’écologie. Ce sont nos trois principales activités. Nous éduquons aux enjeux environnementaux par des “classes vertes”, qui sont des ateliers destinés aux établissements scolaires, où nous tentons de sensibiliser les jeunes à leurs impacts environnementaux.
Pour ce qui est de la gestion des déchets, nous avons développé une solution de collecte des ordures basée sur l’utilisation des tricycles (motos tirant des bennes à ordures, cf. photo ci-dessus). Cela nous a permis de couvrir tout Dakar et d’offrir un service de proximité.
Après que les déchets sont collectés, ils sont revalorisés au centre de recyclage de Bambilor, près de Rufisque à la sortie de Dakar. Il s’y trouve un centre de compostage. Nous avons aussi récemment reçu une broyeuse qui nous permet de broyer des matières en plastique solide par exemple.
Au centre : Abdoul Mbakhy Mbacke.
Quelles motivations ont été les vôtres pour lancer cette start-up ?
Il y a des aspects personnels : j’ai toujours été sensible aux questions environnementales. J'ai également vécu une expérience désagréable. Auparavant je vivais à Sicap Foire, pendant une période de travaux. Les rues étaient trop étroites et accidentées pour que les bennes à ordures puissent couvrir la zone. Il n’y avait pas d’évacuation des déchets, à part par les charretiers qui s’improvisaient éboueurs à leurs heures perdues. Les charretiers déchargeaient les ordures à Ouest Foire, juste en face de la piste de l’aéroport. Parfois ils salissaient plus qu’ils ne nettoyaient. De par cette expérience, j’ai pensé à créer une start-up qui puisse résoudre cela. Le modèle des bennes est bon, mais il n’est pas adapté à toutes les zones, et il n’y a pas de tri ni de revalorisation des déchets.
Quels sont les programmes de ramassage des déchets de Ciprovis ?
Nous proposons des formules aux ménages, avec un personnel qualifié et sensibilisé aux questions environnementales. Il y a plus d’une vingtaine de formules, ou la possibilité d’en établir une sur mesure, en fonction d’un devis. Le coût est calculé en fonction de la fréquence de ramassage, le type de déchets et le volume. Les formules standards pour les ménages varient de 5 500 à 15 000 fcfa/mois selon les quartiers et les critères cités précédemment. Récemment, nous avons dépassé les 1 000 ménages, à cela il faut ajouter les entreprises, les restaurants, les hôtels...
Comment vous est venue l’idée du tricycle ?
Nous cherchions le moyen de transport le plus adapté en fonction des contraintes qui étaient les nôtres. Nous sommes partis de la problématique que la majeure partie des quartiers de Dakar sont difficiles d’accès. Nous avons d’abord pensé à un pick-up L200 mais le problème restait entier. De plus le tricycle consomme moins de gaz carburant donc pollue moins. Nous avons 8 tricycles répartis sur les différents quartiers de Dakar. Il y a toujours deux agents de collecte sur chaque tricycle.
Quels ont été les plus gros challenges de Ciprovis ?
J’ai monté seul Ciprovis. Cependant, dès le début, il s’agissait d’un travail d’équipe dans le sens où, pour collaborer sur le long terme, je devais m’entourer d’un personnel qui partage ma vision des choses. J’ai donc fait le recrutement seul. Par la suite je me suis lancé dans un long travail de sensibilisation aux questions environnementales auprès de mon personnel. J’ai dû organiser des sessions de formations. Ce n’était pas toujours facile car les employés n’ont pas toujours un très haut niveau d’études.
J’ai aussi dû sensibiliser la clientèle. En général, les personnes veulent seulement voir les déchets sortir de chez eux, ensuite, ce qu’il en advient, cela ne les préoccupe pas trop. Il a fallu faire un vrai travail d’éveil des consciences chez nos clients potentiels.